Dans le cadre de leur formation d’Éducateurs de Jeunes Enfants à Hétis, les étudiants de la promotion 2022-2025 a réalisé un voyage d’étude à Lisbonne afin d’explorer les pratiques éducatives locales et enrichir leur réflexion professionnelle.
À travers des visites de structures petite enfance, des rencontres avec des professionnels et des déambulations dans l’espace public lisboète, les étudiants ont observé, questionné et analysé différents modes d’accompagnement des jeunes enfants et de leurs familles.
Cet article collaboratif, fruit de leurs échanges et de leur regard croisé, témoigne de leurs découvertes, de leurs questionnements, ainsi que de l’impact de cette expérience sur leur posture professionnelle future.
Voyage d’étude à Lisbonne : regards croisés sur les pratiques éducatives en petite enfance
Ce voyage pédagogique à Lisbonne avait pour objectif de découvrir des pratiques éducatives innovantes en matière de petite enfance, en particulier dans les crèches et structures d’accueil.
Nous avons visité plusieurs établissements publics et privés, chacun offrant une approche unique en matière d’aménagement de l’espace, de coéducation avec les familles, et d’accompagnement du développement de l’enfant. Ces visites nous ont permis d’observer des modèles de pratiques qui valorisent l’autonomie des enfants, leur inclusion dans la vie sociale et culturelle, ainsi que la place centrale de la famille dans l’éducation. En tant qu’Éducateurs de Jeunes Enfants (EJE), ces observations sont une source d’inspiration pour repenser nos pratiques en France, notamment en termes de collaboration avec les familles, d’aménagement de l’espace et d’encouragement à l’autonomie des enfants.
À Lisbonne, nous avons pu prendre connaissance de l’existence d’un curriculum pédagogique, présentant les lignes directrices du programme d’études pour l’enseignement préscolaire. Ainsi, il y figure les fondements et les principes des différentes pédagogies appliquées sur les structures telles que les pédagogies Waldorf, Freinet ou Montessori. En
France, de nombreuses structures s’inspirent de ces pédagogies, mais il n’existe pas de guide à suivre. L’enseignement préscolaire concerne les enfants de 3 à 5 ans et constitue la première étape du système éducatif portugais. En France, l’école est obligatoire dès l’âge de 3 ans. Les jeunes enfants doivent acquérir des compétences notamment dans le domaine social, artistique et culturel. Au Portugal, les professionnels en éducation préscolaire doivent suivre un cursus universitaire de trois ans minimum puis une spécialisation. En France, le diplôme d’État d’Éducateur de Jeunes Enfants (EJE) est également un diplôme de niveau bac+3. Toutefois, en France d’autres professionnels de la petite enfance peuvent exercer avec des formations plus courtes comme le CAP AEPE.
Au Portugal, les politiques publiques pour la petite enfance se sont beaucoup développées depuis les années 1970, en lien avec l’augmentation du travail féminin. Historiquement, la garde des jeunes enfants était surtout assurée par la famille. En 1997, une loi reconnaît l’éducation préscolaire (3-6 ans) comme partie intégrante du système éducatif. Puis, le programme européen PARES (2006) permet d’améliorer l’accueil des enfants de moins de 3 ans, avec comme objectif un accueil d’au moins 33 % des jeunes enfants.
Aujourd’hui, le système est divisé : les enfants de 0 à 3 ans vont en crèche, sous la responsabilité du ministère du Travail, tandis que les 3-6 ans relèvent du ministère de l’Éducation. Les crèches privées non lucratives, financées par l’État, dominent l’offre.
L’accueil est majoritairement à temps plein. Le taux de couverture atteint près de 50 %, mais des disparités régionales persistent, notamment entre zones rurales et grandes villes comme Lisbonne.
Notre regard sur le métier d’éducateur de jeunes enfants à évolué. La formation est différente de celle en France dans la durée, 5 ans d’étude (master) mais également par le nom donné aux professionnels : « educadores de infância », pour le préscolaire jusqu’à 6 ans. La formation comprend l’éducation préscolaire et l’école élémentaire du fait que l’école n’est obligatoire qu’à partir de 6 ans. Nous nous sommes remis en question sur l’importance des espaces extérieurs. Investir au maximum ces espaces permet aux enfants de développer leur créativité et d’éveiller leurs sens. Cela est possible par tous les temps, grâce à des vêtements spécifiques adaptés. Concernant le rôle d’une EJE au Portugal, nous avons remarqué quelques différences en comparaison avec la France. Elles sont beaucoup plus présentes dans les écoles (1 EJE par classe + 1 assistante). Tandis que dans les foyers, elles ne travaillent pas directement auprès des enfants, elles s’occupent plutôt des projets de la structure.
Lors de notre voyage d’étude au Portugal, nous avons vécu une expérience immersive enrichissante. Certains ont pu participer à un temps de vie et de sport avec les enfants, en découvrant le fonctionnement des structures d’accueil locales.
Sur place, nous avons constaté qu’il n’y avait pas toujours d’éducateurs de jeunes enfants comme en France. Dans les structures visitées, certains établissements disposent d’un binôme par groupe d’enfants : un enseignant diplômé et un assistant. Le taux d’encadrement n’est pas seulement fixé par un nombre d’adultes, mais aussi par la superficie des locaux. Si beaucoup de crèches limitent les horaires pour respecter le rythme des enfants, certaines les élargissent pour s’adapter aux besoins des familles travaillant en périphérie de Lisbonne.
Les professionnels accordent une grande importance à l’autonomie de l’enfant, à la verbalisation et au respect du rythme. Certaines crèches ferment pendant les vacances scolaires pour offrir un temps de repos aux enfants.
Les structures sont de plus en plus tournées vers l’extérieur : une grande partie de la journée se passe dehors. Elles sont également très ouvertes aux familles, qui sont invitées à participer activement à la vie de la crèche.
Concernant les échanges marquants avec les professionnels et des moments qui nous ont marqué humainement et professionnellement pendant nos visites de structure. Nous avons remarqué que les parents déposaient leurs enfants à l’heure qu’ils souhaitaient.
Les parents sont libres de rester dans la structure et participer aux activités avec leurs enfants. Ils ont accès à toutes les zones et tout est à leur hauteur, ils n’ont pas besoin de demander avant de prendre quelque chose. Pendant la visite d’un foyer, nous sommes arrivés devant une petite maison et en entrant le foyer était en fait composé de plusieurs étages en sous-sol. Cette maison avait été dessinée par un enfant, qui a ensuite été transformée en maquette, puis en maison habitable.
Ce voyage d’étude nous a profondément marquées. Il nous a permis d’ouvrir notre regard sur d’autres façons de faire, de penser l’enfant et d’accompagner son développement. Découvrir des approches différentes du métier d’EJE nous a vraiment fait réfléchir sur notre posture, sur nos pratiques actuelles et à venir, et ça nous a donné plein d’idées inspirantes pour notre futur professionnel.
On en revient plus curieuses, plus ouvertes, et avec l’envie de continuer à faire évoluer nos pratiques.
Ce séjour nous a aussi permis de prendre du recul sur ce que l’on vit en formation, de renforcer notre cohésion de groupe, et de nous projeter concrètement dans notre futur métier. C’est une expérience qu’on n’est pas prêtes d’oublier, et qui, on en est sûres, marquera notre parcours.
Et vous, avez-vous déjà vécu une expérience qui a fait évoluer votre regard professionnel ?
Sabrine, Clara, Pascale, Léa, Lymia, Mallorie, Manon, Meline, Alicia, Mathilde, Matisse, Mélanie, Carla, Océane, Jacira Raquel, Stella, Victoria, Kaya-Marina, Cynthia, Celia, Julia, Elsa, Lisa, Anastasia, Auriane, Maïna, Thémis, Célie, Lorie, Lisa, Laura, Léna, Fanny, Célia, Claire, Amelie, Cléonice, Manon, Laurina, Roxanne, Emma, Mélina, Ivana
